Solas


Tyler Durden (*)

Il y a des jours comme ça, où l'on se dit qu'on a bien fait de ne pas mourir. Si vous allez voir " Solas ", vous en connaîtrez un.

On sait, grâce à nos chères statistiques, que le Sud de l'Espagne est très pauvre et que le chômage y touche près d'un quart de la population. On le sait.
Mais le voit-on ?
Non, bien sûr.

Nous y allons en vacances, partagés entre les visites guidées de monuments usés par les regards climatisés des touristes et l'éternel concours de " tournedos " sur plage de sable fin et aseptisé. Mais que voit-on de la misère des rues ? Rien, ou peu de choses, tant elle est bien cachée derrière des murs dont on ne lit pas l'histoire dans le Routard.
Je ne parle même pas de la prostitution, de la drogue ou du coup de surin pour mille Pesetas, non, je parle de la misère humaine la pire qui soit, de la plus sournoise : la solitude.

Si l'isolement dans les grandes agglomérations est le cancer de l'urbanisme moderne, " Solas " met en scène ses métastases :

María, moitié femme-moitié alcool, erre de galère en galère : petits boulots, salauds et bibine. Rien ne s'arrange quand sa mère débarque (amenant avec elle bien des souvenirs que María avait cru enterrer) pour veiller sur son mari, hospitalisé à Séville.
Rien ne s'arrange non plus quand un petit test devient bleu et ainsi de suite.
Tout se déroulera sous le regard d'un vieux retraité qui n'a pour seul compagnon que son chien Aquíles (" Du nom d'Achille, un empereur Romain ").

Sobre, tendre et dur à la foi, comme une sorte de claque que l'on se ramasse en pleine poire, " Solas " fait un sans faute. On en ressort touché par sa simplicité et son humanité. A voir, pour se rappeler ce qu'est un film vrai, sans effets numériques, sans star arborant le même sourire depuis dix ans.
Une pellicule à l'image de la vie : fine, fragile, sèche et qui ne laisse pas indifférent.


* Tyler Durden est un pseudonyme. L'identité de l'auteur est connue de la rédaction.


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