L'université que j'ai aimée
L’université que j’ai aimée, c’était celle de l’Espagne qui brillait dans les yeux et claquait dans la bouche de ce concierge espagnol dont j’ai oublié le nom. Celle de nos discussions, bouffées d’oxygène. (Nietzsche a dit : "Si vous voulez respirer de l’air pur, n’entrez jamais dans une église." Moi j’y ajouterais "ni dans une université").
L’université que j’ai aimée, c’était aussi le parfum d’une belle Madrilène dont le sourire songeur m’a fait rêver plusieurs fois. Et puis l’université des secrétaires : celle de la Faculté, avec son air de Dorothée, celle du Doyen, qui, chaque fois que j’avais rendez-vous, me regardait l’air de se demander "que va-t-il encore nous faire ?" et surtout celle de la réception du Recteur, charmante de visite en visite, pulpeuse mirabelle au service d’un vieux pruneau desséché.
Sans oublier ces cafés qui vous réchauffent quand ce qui nous entoure est froid ou ces volutes de fumée qui fendent le brouillard académique. J’ai aussi aimé ces quelques regards croisés ça et là, au hasard des cours et de rares connaissances heureuses.