Les âmes-feuilles


Laine Gebel

Un jour d’automne aux couleurs chaudes me transperçait le cœur d’une flèche fade. Les feuilles aux mille teintes sévères me caressaient le visage avant de tomber en tourbillonnant.
C’est en remarquant les feuilles sèches à terre qui crachaient leur dernier souffle de vie, que je compris que ma vie se limitait à une chute.
Moi-même je me laisse emporter par le vent, en attendant de me faner et craqueler sans pouvoir crier au secours, car de toute manière personne ne nous entend dans ce blizzard de folie, qu’est une simple existence parmi tant d’autres.
Voilà où finissent nos âmes, dans un tas de feuilles mortes. Ensuite des gens sans scrupules les brûlent comme de vulgaires hérétiques. L’on entendra plus qu’un son strident d’âmes-feuilles subissant le purgatoire. Des cris, rien que des cris perçants qui déchirent la frontière du monde des Vivants à celui des Morts.
Un homme meurt, une âme-feuille naît.
Une âme-feuille meurt, une flamme naît.
Une flamme meurt, un homme naît.
L’automne est la saison des renaissances.



©2002 Laine Gebel
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